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Joëlle Paymal, monitrice d'auto-école retraitée

Nombreux sont les Villeparisiens qui (re)connaissent la monitrice puis gérante d’auto-école, toujours apprêtée et souriante. Avec 28 ans de métier à Villeparisis, Joëlle Paymal peut se vanter d’avoir formé plusieurs générations de Villeparisiens, toujours dans la bienveillance et l’exigence.

À 65 ans, Joëlle est retraitée, mais son tempérament de feu ne lui permet pas de rester inactive. Aujourd’hui, elle aide sa fille, qui a repris sa société, et elle anime des ateliers de sécurité routière pour les seniors, par le biais de l’association « Les Citadines », à Villeparisis.

Infatigable, Joëlle est une boule d’énergie « Décrocher ce n’est pas mon genre, donc je vais, j’aide, j’anime, je remplace. Je fais du bénévolat pour aider les autres, mais en fait, je crois que c’est moi que j’aide le plus, ça me permet de ne pas vieillir »

Pourtant sa vie n’a pas été de tout repos. Quand on plonge dans le grand bleu de ses yeux, on ne se doute pas de toutes les épreuves que Joëlle a traversées. Cette sexagénaire a été confrontée à la mort, et à la maladie, tout au long de sa vie. Alors qu’elle n’a que 21 ans, son frère, d’un an son cadet, décède d’un accident de moto. Joëlle a le cœur brisé, et peine à se remettre de cette épreuve. Pendant longtemps, elle n’ose plus conduire. « C’est là que j’ai commencé à prendre la sécurité routière à cœur ». Elle n’en fait pas tout de suite son métier, mais l’idée est plantée. 

Malgré tout l’amour que cette Villeparisienne porte à sa ville natale, la douleur est trop présente. Tous ces lieux, pourtant si chers à son cœur, lui rappellent son défunt frère. La maison dans laquelle elle est venue au monde, avenue des faisans, le « Café de l’oasis », place du marché, où sa mère était serveuse, le carrefour où son frère a perdu la vie, tout devient insupportable.  Joëlle et sa famille partent pour la Normandie.

Mais la vie n’est pas plus facile ailleurs, son mariage prend un coup, ses finances aussi, et le mal du pays la ronge. Joëlle décide de revenir à Villeparisis. En inscrivant sa fille aînée dans une auto-école, elle a un déclic. « Ça y est ! Après plusieurs essais, en comptabilité, en agence matrimoniale, j’avais enfin trouvé ma voie, l’école de conduite ! ». Et comme c’est une fonceuse, elle y va. Sans plus tarder, elle s’inscrit en formation, avant même d’avoir son diplôme elle commence à travailler, gratuitement. À peine 3 ans plus tard, elle rachète l’auto-école.  

Cette auto-école, c’est son “bébé”, comme elle aime à le dire. Elle y a fait la plus belle rencontre de sa vie. Patrick. Si vous connaissez Joëlle, vous le connaissiez sûrement Patrick. Ils faisaient la paire. Il était moniteur moto et bateau dans la même école de conduite. À leur rencontre, Joëlle est mariée, et lui en couple. Cela n’arrête pas l’engouement de la jeune femme. « J’ai eu un coup de cœur, c’est inexplicable. Quand je l’ai vu, j’ai tout de suite su qu’on finirait ensemble. Lui non, mais ça ne m’a pas refroidie ! » s'esclaffe- t-elle. Et comme elle va toujours au bout, même si cela doit lui prendre des années, elle y est allée. Ils tombent amoureux, et coulent des jours heureux.  

Entre heures de conduite, tour de France en moto et croisières en routard, les âmes sœurs vivent le bonheur absolu. Malgré les épreuves qu’ils traversent, les divorce et séparation avec leurs premiers conjoints, les cancers des parents de Joëlle, l’assassinat du père de Joëlle, d’une balle dans le cœur, chez lui à Villeparisis, et enfin son cancer, auquel elle survit, rien ne les arrête. Jusqu’au jour où, à 55 ans, Patrick est atteint, à son tour, d’un cancer. Au départ, ils avaient beaucoup d’espoir, après tout, Joëlle avait vaincu la maladie ! Pourquoi pas lui ? Mais très vite, elle voit dépérir l’amour de sa vie. « Je voyais bien que ça s'empirait. Lui avait de l’espoir, moi je savais que c’était la fin de notre idylle ». Un an plus tard, il s'éteint. Pour elle, il est toujours là. Les photos et les souvenirs sont partout, sur les murs, sur les calendriers, dans le cœur. « Ensemble, on aimait les gens, on aimait la vie, on aimait les beaux lieux, on aimait la France, et je lui ai fait aimer Villeparisis et ses habitants. »